Jean Grillon – Sous-Préfet de Verdun – 1914-1918 – Partie 3

Deux patrons

Le fait de guerre me place dans une situation anormale : Sous-Préfet d’un Camp retranché en état de siège, je me trouve en quelque sorte sous les ordres de deux autorités, le Préfet de la Meuse et le Gouverneur.

Le PréfetM. Aubert, ce que l’on peut appeler, suivant les circonstances, un aimable ou distingué fonctionnaire du temps de pals, qui ne modifie en rien à sa façon de vivre et d’administrer et qui m’adresse de temps à autre de belles circulaires.

Le Général Gouverneur, M. Coutenceau, un soldat, ayant le sentiment de la charge qui lui pèse sur ses épaules. J’ai entendu médire de cet Officier; souvent il m’a refusé, pour mes populations, des satisfactions que j’estimais légitimes. Jamais je ne dirai que du bien de ce chef dont la préoccupation constante et unique a été la défense du camp retranché.

Le Général Coutenceau m’a paru un timide, qui élevait la voix pour se donner du cœur au ventre. Bien que je n’ai reçu, de lui ni de son entourage aucune confidence, je savais qu’avant la guerre le Général Joffre et lui -tous deux sapeurs- s’étaient trouvés en désaccord sur l’organisation de la défense du camp retranché de Verdun. À maintes reprises le Général Coutenceau avait proposé la construction de fortifications avancées, notamment sur la colline de Sivry-la-Perche, sur la Côte du Poivre et, si je ne me trompe sur les Jumelles d’Ornes. Les événements donnèrent hélas! Raison au Gouverneur de Verdun qui, dès les hostilités, mit ses troupes du Génie en chantier. Mais c’était trop tard : les Jumelles d’Ornes et plus tard la Côte du Poivre,tombant entre les mains de l’ennemi, permirent à celui-ci de commander avec son artillerie et la plains de la Woëvre et la Vallée de la Meuse. Le Général Joffre, ne su pardonner l’entêtement du Général Coutenceau. Celui-ci paya plus tard, de son commandement, l’insistance qu’il avait apportée à vouloir démontrer au Généralissime qu’une forteresse devait se défendre dans ses avancées.

Le Général Coutenceau avait payé déjà au début de la guerre d’un mois d’arrêts, une initiative qu’il lui avait paru devoir prendre pour assurer pleinement la défense du camp retranché.

L’incident mérite devoir être relaté :

Ayant assisté, quelques semaines avant la guerre, à une conférence faite aux officiers de la garnison, par deux artilleurs très au courant des armements allemands et autrichiens, le Général Coutenceau [Ndlr : page c2p11] préoccupé de l’état d’infériorité de notre artillerie de forteresse avait eu dès le lendemain, avec ses officiers d’État-Major et les chefs d’unités un échange d’idées sur cette grave question. La conclusion avait été que pour armer utilement les forts et pouvoir répondre aux 380 et 420 il y aurait nécessité à se procurer des pièces de côtes ou des pièces de défense de côtes.

À la déclaration de guerre le Général Coutenceau se remémorant cette décision et apprenant que deux pièces à longue portée, commandées par un état du Sud Amérique se trouvaient dans les ateliers du Creusot, sans hésiter les acheté sur son trésor de.guerre.

Mais il lui faut des munitions. Les arsenaux de la marine sont seuls en mesure de les lui fournir. Il passe commande par voie hiérarchique. La réponse ne se fait pas attendre : il est puni par ordre du Général Joffre pour avoir pris une initiative contraire aux règlements militaires. Les canons furent relégués a l’arsenal. Les 4 Juin et 1er octobre 1915 la forteresse ne pouvait pas riposter à la pièce boche de 380 jetant ses formidables engins sur la ville. Le 21 février 1916 [Ndlr : début de la Bataille de Verdun], lors du déclenchement de l’offensive dirigée par le Boucher de Verdun [Ndlr : visiblement le Kronprinz de Prusse au lieu de Nivelle], la ville.était littéralement pilonnée. Et c’est seulement à l’arrivée de l’État-Major du Général Pétain que les deux canons achetés par le Général Coutenceau furent mis en action.

à l’État-Major du Gouverneur

À côté du Général Coutenceau, son chef d’État-Major, le Colonel Nayral de Bourgon. Celui-ci tenu pour catholique farouche et taxé de réactionnaire avait été désigné comme collaborateur direct du Gouverneur sur les instances de M. Charles Humbert, sénateur. Souvent les militants du parti républicain ont reproché à ce dernier son intervention en faveur du Colonel de Bourgon.

Peu m’importe les sentiments.politiques de cet officier. Souvent je l’ai approché, souvent j’ai eu affaire à lui. Ce fut un homme de devoir et un chef à la hauteur de sa tâche.

Mais j’eu plus constamment des relations de service avec le Capitaine Garchery et le Sous-Lieutenant de Jouvenel, un des directeurs du Matin. À eux étaient confiés les services des renseignements et de la circulation. Avec eux j’échangeais des impressions; on sympathisait !

Je cite encore M. le Sous-Intendant Lévy, auquel incombait la lourde charge du ravitaillement des troupes combattantes et des services. Je rencontrai auprès de lui une aide précieuse aux heures de pénurie. Grâce à lui je parvins, à des moments critiques, a donner à manger à mes populations.

Cet Officier alla jusqu’à me prêter une vache, qui, installée dans les communs de la Sous-Préfecture, fournit le lait aux petits enfants égarés et aux vieillard défaillants que ma femme recueillait.

Prés du Sous-Intendant Lévy, il y avait la table de M. Albert Noël, Député de Verdun, Officier d’Intendance à 3 puis à 4. galons, qui partageait son temps entre Paris et Regret, et qui venait de temps à autre, faire vis à vis à son chef.

[Ndlr page c2p12]

Monsieur Caillaux à Verdun (août 1914)

[Ndlr page c2p13] Le 7 août 1914, au matin, comme je m’entretenais avec .M. Bettinger, banquier à Étain, mon concierge m’annonce : « M. le-colonel Caillaux et le sergent Ceccaldi« .

Je dois imposer silence à M. Bettinger qui, au seul nom de Caillaux, ne peut contenir une injure.

Je reçois bientôt M.M. Caillaux et Ceccaldi. Ministre des finances. L’un porte l’uniforme de Payeur aux Armées, le second est sergent d’infanterie. Ils viennent me demander en quel hôtel il leur serait possible de trouver le gîte et le couvert.

Interrogé à l’improviste, je prie M. Caillaux de me donner une heure de répit. Cela l’arrange, car il a affaire à l’Etat-Major de la 3e Armée.

A peine M.M. Caillaux et Ceccaldi sont ils sortis, qu’arrive M. Lebrun ancien ministre mobilisé comme commandant d’artillerie.

« Grillon, me dit-il, voici une nouvelle inattendue M. Caillaux est à Verdun. Je viens de l’apprendre au mess, pendant le petit déjeuner. Des Officiers généraux ont déclaré que s’il venait prendre ses repas au cercle militaire, un esclandre s’ensuivrait. À vous d’aviser. »

Et de suite, pour parer à tout, je décide donner l’hospitalité à M. Caillaux, ancien président du Conseil et Ceccaldi, député. Ils demeureront 18 jours à la Sous-Préfecture.

Dans quel but M. Caillaux est-il venu à Verdun? Pourquoi et comment le sergent Ceccaldi l’a t’il accompagné? Il est évident qu’après le retentissant procès devant la cours d’Assises, M. Caillaux avait intérêt à quitter la scène politique ; il venait dans la zone des armées chercher une affectation.

M. Caillaux a fait peu de sorties en ville; il a vu le général Ruffey, il a limité ses allées et venues au Parc de la Sous-Préfecture. À table, on s’entretient des opérations en cours; entendant Magre Sous-Préfet de Briey, raconter son odyssée et se plaignant d’être demeuré sans instructions et sans directives, M. Caillaux critique vivement l’insuffisance de M. Malvy, Ministre de l’Intérieur ; mais préoccupé par des tâches constantes, je m’attache peu aux faits et gestes de mes hôtes.

A plusieurs reprises, M. Caillaux demande M. Messimy, Ministre de la Guerre au téléphone. L’accueil qu’on lui fait à Paris me semble pas lui plaire car il se rabat sur M. [Ndlr : page c2p14, c2p15] sur M. Morel, Ministre des Colonies. Mais m’étant toujours écarté, lors de ces communications, je n’ai conservé que le souvenir d’éclats de voix.

On a dit que M. Caillaux voulait accompagner les armées dans leur offensive pour prendre en main la direction des finances des pays occupés. À entendre M. Bouquet Receveur des Finances à VerdunM. Caillaux aurait voulu prendre place de ce dernier. Je ne le pense pas et il serait vain à ce sujet d’émettre des hypothèses.

Plus tard, lors de l’instruction de la Haute Cour, l’ancien chauffeur du Receveur des Finances dénonça par lettre M. Caillaux comme étant venu à Verdun pour faciliter la reddition de la place forte. C’était simplement idiot. Je n’en fus pas moins entendu par le Jude d’Instruction de Châteauroux, où j’étais alors Préfet, qui, muni d’une commission rogatoire, vint en compagnie de son greffier, recevoir ma déposition. Pour l’honneur de la Haute Cour, il ne fut pas tenu compte de cette dénonciation saugrenue.

Mais le 23 août, le Général Gouverneur me téléphone :

« C’est vous, M. le Sous-Préfet ? Que font chez vous M. Caillaux, Payeur aux armées et le sergent Ceccaldi ? Ce dernier est tout simplement en état de désertion ! »

Je déclare au Général que je ne puis lui répondre au téléphone et que je monte le voir à la citadelle. Peu après, je relate au Général Coutenceau les circonstances qui m’ont conduit à donner l’hospitalité à M. Caillaux et à son compagnon et j’ajoute -ce qui est la vérité- que je ne sais rien de leurs intentions.

Le 25 août M.M. Caillaux et Ceccaldi nous quittent. Ils ont dû avoir une conversation avec l’autorité militaire. Leur départ coïncide avec les nouvelles de notre défaite à Charleroi, la retraite de nos armées et la pression de l’ennemi sur Verdun.

Je n’ai plus, dans la suite, revu M. Caillaux, mais M. Ceccaldi revint peu après, nommé Sous-Lieutenant et gagna le corps qui lui était affecté. Il demeura longtemps au Noyau Central, fit une courte apparition dans les tranchées du village d’Ornes, faut porté malade et quitta définitivement Verdun pour rentrer au Parlement.

[Ndlr : page c2p16,]

Le vicomte

[Ndlr : page c2p17] Le dix août [Ndlr 1914], à la tombée de la nuit, le chauffer de M. Verdun, industriel et Vice-Consul de Belgique, un sieur Rahm,e alsacien, rentrant son automobile dans le garage voisin de la recette des finances, ne répondant pas au « Qui vive » jeté à trois reprises par la sentinelle en faction dans le jardin de la recette, est atteint d’une balle au dessus de la poitrine. On le transporte à l’Hôpital où il est heureusement opéré. Quelques jours après je remets à Rahme une médaille d’honneur du Ministre de l’Intérieur.

Le 10 novembre Rahme est évacué sur l’arrière, n’étant pas en règle avec la loi sur le séjour des étrangers.

Rahme pilotait M. Verdun, le 26 juillet, lorsque ce dernier, se rendant compte des concentrations de troupes allemandes dans le camp retranché de Metz [Ndlr : Metz est allemand à cette période], fit diligence pour me communiquer ses alarmes. Dès cette époque M. Verdun s’était offert de poursuivre ses randonnées au delà de la frontière et de me tenir au courant de tous les mouvements suspects. À l’entendre -mais je ne pus le vérifier- M. Verdun, conduit par Rahme, se serait rendu le 28 juillet à Thionville et le 30 dans la direction du camp de Malmédy [Ndlr les 2 sont du côté allemand à cette période].

Les indications qu’il apporta amenèrent les officiers du 2e Bureau de l’État-Major de la place, à conserver M. Verdun comme agent de renseignements.

Mais M. Verdun, dénommé « Le Vicomte », qui fréquentait par snobisme le monde de l’action française, profita -abusivement- des libertés que lui assurait sa fonction.

Certain jour notamment, il déclare à l’État-Major que, sur mon ordre, il part en mission à Paris. Et à moi il dit s’absenter sur instructions de l’État-Major. À son retour il ramène avec lui Madame Abel Ferry, qui vient rejoindre son mari, Sous-Secrétaire d’État aux Affaires Étrangères, affecté, sur sa demande, avec le grade de Sous-Lieutenant.

Mais M. Verdun ne s’en tient pas là. Il bavarde dans les cafés ; ses incartades attirent sur lui l’attention de ses chefs et bientôt il doit gagner son affectation et endosser l’uniforme d’artilleur.

Mais peu après une rumeur circule ; M. Verdun serait suspecté et mis en surveillance. Je m’efforce de rassurer ses chefs ; M. Verdun n’a pu que commettre des extravagances car ses sentiments de français sont à l’abri de tous reproche.

L’anecdote suivante dépeint bien « le Vicomte » :

Circulant une fois en auto avec Magre et Verdun, ce dernier saluait avec ostentation les calvaires, les croix de mission et les saints nichés au dessus des portes des maisons de paysans. Et toujours il amplifiait son geste. Magre et moi demeurions impassibles. À un tournant « le Vicomte » nous dit : « et pourquoi ne m’engueulez-vous pas ? »

Lui ayant signifié que ses manifestations religieuses nous laissaient indifférents, Verdun cessa de saluer les emblèmes religieux car nous lui avions enlevé tout prétexte à une affirmation de sa doctrine fleurdelisée !

Instructions aux fonctionnaires – Les conditions de repli (27 août 1914)

[Ndlr : page c2p19] Devant le recul de nos troupes et l’invasion allemande, le Gouvernement s’est préoccupé, le 27 août seulement, de la conduits à tenir par les fonctionnaires. Si vraiment la guerre avait été prévue dans toutes ses conséquences cette question ne se serait pas posée en pleine tourmente et l’on aurait pas eu à regretter le désordre et la confusion.

Bref, le 27 août, le Ministre le l’Intérieur télégraphie aux Préfets et Sous-Préfets des départements menacés ou déjà. atteints par l’ennemi :

« Veuillez vous conformer aux instructions suivantes : les repliements des services publics doivent être faits en principe sur l’ordre du Commandement de l’Armée, dans la zone d’opérations dans laquelle se trouvent les arrondissements considérés.

Les Préfet s et les chefs des services départementaux assureront la communication de ces ordres aux fonctionnaires intéressés. Il appartient, le cas échéant, aux commandants de région ou directement aux représentants de l’Administration préfectorale de provoquer les ordres du Commandant d’Armée. En cas d’urgence, tout fonctionnaire s’adresse à l’autorité militaire locale ou provoque les ordres de l’autorité militaire régionale la plus proche (Commandant de région, Commandant d’Arme)

Les fonds des caisses publiques doivent être repliés assez à temps pour que l’ennemi ne s’en empare pas, soit sur une ville plus sûre, soit sur une forteresse voisine, soit versés à la caisse d’un payeur aux armées.

« Le personnel des bureaux des télégraphes évacue ses bureaux sur l’ordre du service télégraphique de première ligne de l’armée. Ce personnel doit être prévenu par l’armée assez à temps pour que les archives, notamment les bandes faites depuis le 1er août, puissent être évacuées. Le commandant de l’armée donne, s’il y a lieu, des ordres, en vue de la distribution systématique des lignes télégraphiques.

« En principe, tous les fonctionnaires des services publics, classés dans la non disponibilité ou ayant obtenu un sursis d’appel devront, quand l’ordre en sera donné rejoindre d’urgence le bureau de recrutement non envahi le plus rapproché.

« Les fonctionnaires dégagés de toutes obligations militaires resteront à leur poste. »

Ces instructions appellent plusieurs observations. Elles ont été rédigées et communiquées aux intéressés 25 jours après la déclaration de guerre, alors que des départements subissent déjà le joug de l’ennemi. Elles mettent les plus haute fonctionnaires dans l’obligation de demander des autorisations à des chefs militaires dont certains -depuis qu’ils ont été nantis de pouvoirs absolus- se plaisent à brimer les représentants du pouvoir civil. Je n’ai eu personnellement qu’a me louer a cette époque de mes relations avec l’État-Major du Camp retranché de Verdun. Mais il n’en a pas été de même plus tard. Et déjà les vexations subies à cette époque par le Préfet des Ardennes sont à ce point de vue typiques.

Ces instructions stipulent en outre que les fonctionnaires dégagés de toute obligation militaire doivent demeurer à leur poste. Ne pouvant se replier devant l’ennemi ceux qui auront obéi subiront les outrages de l’envahisseur et souvent pris comme otages et emmenés en Allemagne.

Par dépêches et lettres le commandant de la 6e région et le Préfet de la Meuse confirent ces instructions au nom du Commandant en Chef des Armées.

Le 28 août, nouveau télégramme de l’Intérieur aux Préfets et Sous-Préfets de du Nord, Aisne, Ardennes, Meuse, Meurthe-et-Moselle, Haute Saône, Vosges, Belfort et Doubs.

« Je vous invite de la façon la plus formelle à n’abandonner votre poste que sur ordre du Gouvernement ou lorsque l’autorité militaire vous en aura signalé la nécessité. Vous devez donner aux population l’exemple du calme et du sang froid. Il serait inadmissible que les fonctionnaires soient les premiers à provoquer l’affolement des populations. Les mesures les plus rigoureuses seront prises à l’égard de ceux qui manqueraient à leur devoir.

Comme il est agréable de recevoir pareil message qui, avant de vous parvenir, est d’abord passé de main en main parmi le personnel des postes. Et le Ministre qui adresse aux fonctionnaires de la région du champ de bataille cette grossière injonction est sur le point d’abandonner son propre poste et [Ndlr : page c2p20] de fuir sur Bordeaux. Ce jour je n’ai pas décoléré et le ministre Malvy a été l’objet de mes invectives les plus choisies. Je n’avais pas besoin, pas plus que mes collègues, de ce rappel au devoir pour donner l’exemple aux populations et savoir quelle conduite à tenir. J’avais écrit à mon père que, quoiqu’il arrive, je demeurerais à Verdun et fièrement ma femme avait répondu à M. AubertPréfet de la Meuse, qui lui conseillait de s’en aller, qu’elle resterait, elle et notre petite fille à mes côtés.

Le 29 août, nouveau télégramme, nouvelles instructions :

Préfet à Sous-Préfets Verdun et Montmédy.

« Général en Chef m’informe qu’il a décidé repliement services publics arrondissements Verdun et Montmédy sur Sainte Menehould. Vous prie prescrite que détenteurs fonds publics versent leur encaisse soit à la Trésorerie Générale Bar-le-Duc soit entre mains payeurs aux armées le plus proche à Varennes par exemple. Veuillez également aviser les fonctionnaires départementaux, dont repli est prévu; en vertu instructions général en Chef.

« Tous fonctionnaires services publics non disponibles ou étant en sursis d’appel doivent, quand ordre est donné, re joindre d’urgence bureau recrutement non envahi le plus rapproché.

« Fonctionnaires dégagés toute obligation militaire doivent rester à leur poste.

Le Sous-Préfet de Montmédy n’a heureusement pas attendu les instructions de repli. Le télégramme l’atteint à Montfaucon d’où il suivra l’État-Major dans sa retraite.

Le 29 août lettre du Préfet confirmant le repli des services publics de l’arrondissement de Verdun.

Je dois me « conformer d’urgence aux instructions. »

Tous les chefs de service ont été prévenus par mes soins le 30 août. Mais le même jour contre-ordre :

«  Préfet Meuse à Sous-Préfets Verdun et Montmédy

« Comme suite à mes communications précédentes le Général Commandant la 3e Armée m’adresse instructions suivantes : les mêmes mesures prescrites par télégramme 29 août pour le repliement des services publics ne sont applicables évidemment qu’à l’approche de l’ennemi.

Cet « évidemment » est charmant. Mon Préfet s’est trop pressé de communiquer les instructions de l’arrière. Il répare la gaffe comme il peut. Heureusement qu’aucun fonctionnaire n’a précipité le mouvement de retraite. J’interromps les préparatifs d’évacuation de divers services.

Le Même jour, autre télégramme :

« Par rectification à télégramme du 28 août concernant la façon repliement des services publics, Général Commandant en Chef a décidé que fonctionnaires dégagés de toute obligation militaire resteront à leur poste, que si ont pas reçu mission particulière ou instruction contraire du département dont dépendent. »

La bureaucratie du G.Q.G. pallie ainsi, dans une certaine mesure, à l’ordre imbécile donné aux fonctionnaires, libérés de toute obligation militaire, de s’offrir en holocauste à l’ennemi.

Que de souffrances on aurait évitées si le jour de la déclaration de guerre, le sort des serviteurs de l’État avait été réglé !