Jean Grillon – Sous-Préfet de Verdun – 1914-1918 – Partie 1

Jean Grillon (1875-1924)

L’alerte du 26 Juillet 1914

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[Ndlr page c2p01] Le 26 juillet 1914 dans la matinée, M.M. France-Lanord, Entrepreneur de travaux publics, et Léon Verdun, Industriel et Vice-Consul de Belgique partant en automobile pour Metz, où ils vont déjeuner, me convient à les accompagner.

Ayant reçu l’ordre de ne pas quitter mon poste, je remercie et prie ces Messieurs de vouloir bien, lors de leur randonnée, observer s’il ne se produit rien d’anormal en territoire annexé et notamment dans le camp retranché de Metz [Ndlr : Metz est allemand à cette période].

Dans l’après-midi, appel au téléphone. C’est M. Adolphe Fruhinsholz fils, industriel à Nancy. Il me dit en substance :

« J’arrive de Metz ; prenez vos dispositions; Verdun est menacé d’une attaque brusquée des Allemands. »

Comme je marque à mon interlocuteur une certaine incrédulité, il me martèle les phrases suivantes :

« Je déjeunais à midi à la brasserie « La Germania »; la servante me demande, en langue allemande, de faire mon menu. Je lui réponds que je ne comprends pas. Elle reprend sa question en Français.

A ce moment, d’un groupe d’officiers allemands installé à une table voisine, j’entends : « Ce franczose ne se doute donc pas de ce qui se passe qu’il est ici. Cela ferait un de moins si on le cueillait. »

Tu sais qu’Alsacien je parle couramment la langue allemande ; le propos m’inquiète ; j’avale mon repas en hâte et, sautant dans mon auto je pars à travers le ville pour me rendre compte. En gare, de nombreuses familles et des ordonnances qui portent les bagages. Je m’informe. Ce sont les familles d’officiers qui, par ordre, quittent la ville. Je file à toute allure vers les casernes; dans les cours, dans les rues, des troupes en tenue de campagne. Autour des forts et des ouvrages, des mitrailleuses et de l’artillerie. Je suis revenu sur la frontière; j’ai un pressentiment. Les allemands mobilisent; ils vont nous surprendre par une attaque sans déclaration de guerre. Tenez-vous sur le qui-vive; Verdun sera particulièrement visée »

Et il ajoute : « J’ai tenté de voir le Général Foch, commandant la IIe division et le Préfet de Nancy. Ils n’étaient point chez eux. »

Je remercie M. Fruhinsholz de sa communication et, devant la gravité du fait qui m’est signalé, j’appelle sans délai M. Jouffroy, Commissaire spécial et l’envoie mettre le Général Gouverneur au courant de ce que viens d’apprendre.

A son retour, le Commissaire spécial me déclare que le Général lui a paru très ému ; il l’a chargé de me prévenir qu’il ne saurait répondre de la défense du camp retranché si les troupes actuellement aux camps d’instruction de Châlons et de Pontarlier ne lui étaient renvoyées avant la nuit.

Ne pouvant communiquer directement avec l’Intérieur sans passer par l’intermédiaire du mon Préfet et jugeant les instants précieux je dicte de suite à M. Jouffroy le télégramme suivant qu’il chiffrera :

« Commissaire spécial Verdun Intérieur sûreté – Paris.

« Suis informé par Sous-Préfet que M. Fruhinsholz, important industriel à Nancy, de passage en automobile à Metz, lui a rapporté par téléphone à son retour que toutes troupes consignées et mobilisées intérieur casernes ainsi que forts.

Des Officiers consommant près de lui dans la brasserie « Germania », sachant qu’il était français et persuadés qu’il ne parlait pas l’allemand ont dit : « Il ne se doute donc pas de ce qui se passe qu’il est ici. »

Le Général Gouverneur de Verdun, à qui sur ordre Sous-Préfet, j’ai rapporté les faits, a regretté devant moi que Verdun soit actuellement dégarni de troupes, envoyées à Châlons et à Pontarlier

Il m’apparaissant que ce télégramme devait suffire pour mettre le Gouvernement en garde et lui permettre de prendre les mesures que pouvaient comporter la situation.

Cependant, je ne m’en tiens pas là. En accord avec le Général Gouverneur les précautions sont prises. Ce dernier aurait désiré que les portes de la ville soient fermées à la tombée de la nuit, pour parer à un raid de cavalerie. Je m’y oppose pour ne pas jeter la panique parmi la population. Mais les postes militaires seront renforcés et tous les hommes disponibles sont renvoyés dans les forts. Je donne des ordres et des consignes à la gendarmerie et à la police. Carabines et revolvers chargés, elles garderont les ponts et les nœuds des voies ferrées.

J’en étais là, lorsque M.M. France-Lanord et Verdun reviennent de Metz. Ils sont nerveux. Ce qu’ils ont vu dans la ville et aux environs, leur permettent d’affirmer que les allemands préparent un coup de force. L’exposé qu’ils me font confirme la communication de M. Fruhinsholz.

Je sens la gravité de la situation et, frétant une automobile, je pars pour Dugny où je sais pouvoir trouver M. Charles Humbert, sénateur.

Là, je dois forcer la consigne ; M. Humbert est en conférence avec un général Contrôleur d’armée. J’expose les faits; Humbert s’emporte : « La Guerre pour les Serbes, ah! non! Nous sommes foutus sans artillerie lourde. »

Mais le Général m’interroge. Je lui résume les mesures que j’ai cru devoir prendre et lui lis le texte du télégramme à la Sûreté Générale. « C’est bien, me dit-il; mais maintenant quelles décisions allez-vous prendre ?

J’ai souvenir, dans notre entretien, de lui avoir signalé que tous les villages et toutes les fermes de la Woëvre étaient infestés de bergers et d’ouvriers agricoles allemands. Il me conseilla de les faire arrêter. Puis, s’adressant à M. Humbert il le pria de mettre une automobile a sa disposition, estimant devoir, en présence des événements, rentrer immédiatement à Paris. Dans la nuit, je retourne à Verdun et, anxieux, après avoir visité mes postes d’agents, j’arrive à la gare.

Le Chef de gare attend les trains qui lui sont annoncés. Le personnel est sur pied. Bientôt mes trains se succédant amènent les troupes de la garnison. Le télégramme que j’ai dicté à destination de la Sûreté a-t-il déclenché leur retour ? Il est évident que le Gouvernement avait d’autres sources d’informations. Mais ma communication à pu hâter sa décision.

Les allemands n’ignoraient pas que Verdun était privé de ses moyens de défense. L’attaque brusquée leur livrait la forteresse. Allaient-ils vraiment accomplir leur coup de force? Les éléments, me permettant d’apporter ici une affirmation me manquent. Mais il est vraisemblable que leur service d’espionnage, admirablement organisé, rendant compte du retour des troupes et des mesures immédiates prises par l’autorité militaire, les aura dissuadés de donner suite à leurs intentions.

Le Général Deville, Commandant le Corps d’Armée de Montpellier en 1921 et qui était Colonel d’un régiment d’Infanterie à Verdun en 1914, auquel je relatai cette anecdote, me déclara que les Allemands préparaient leur attaque brusquée pour le 31 Juillet. A cette date les troupes bavaroises devaient envahir la Woëvre jusque devant les Hauts-de-Meuse pour paralyser la mobilisation de notre armée. Mais nos troupes de couverture, mises en marche, par décision du Ministre de la Guerre le même jour, devançaient l’exécution du plan allemand.

 

Le lendemain je n’ai pas fait arrêter les allemands de Woëvre. Le Commissaire spécial, pas plus que moi, n’avait d’ordre. Un acte de cette nature pouvait donner prétexte au Gouvernement voisin pour déclarer une guerre que malgré tout, je ne croyais pas aussi immédiate.

Pourtant, dans les jours qui suivirent, en présence des renseignements qui me parvenaient, demandait par téléphone, à mon Préfet M. Aubert, l’autorisation de procéder à l’arrestation de plusieurs d’entre eux que je savais pertinemment être des espions.

M. Aubert me répondit : « Cela ne vous regarde pas. »

L’ordre ne vint que plus tard ; mais les véritables suspects avaient eu le temps de décamper ; la sûreté n’arrêta que quelques individus de minime importance. En effet, ce n’est que le 2 août au soir que les plis concernant l’exécution du carnet B, furent remis à la poste de Bar-le-Duc. Et le Préfet inquiet du retard apporté, me télégraphiait de vouloir bien agir en personne.

Les journées précédant la mobilisation

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Mais les événements se précipitent :

Le 27 juillet [Ndlr. : 1914] une dépêche ministérielle prescrit la mise en activité du dispositif restreint de sécurité, avec le concours de l’élément civil.

Puis, dans la même journée, c’est un télégramme du Général Commandant le 6e Corps d’Armée qui prescrit d’assurer militairement la garde des ouvrages d’art et des points particulièrement importants des voies ferrées, situées à proximité de la Place : le pont de Jardin-Fontaine, le Pont du chemin de fer sur la Meuse, dit pont de Belleville, les ponts de la Galavaude, de la chaussée insubmersible sur le Canal Saint Vanne, les ponts sur la Meuse à Belleray, Charny, et Montgrignon, et le tunnel de Tavannes. ce dernier déjà surveillé par le garde-champêtre d’Eix.

Le 29 juillet le Ministre de la Guerre prescrit la mise eu œuvre du service de surveillance de la frontière. Ne sont placées sur les routes que des barrières pouvant être surveillées par des douaniers.

Le 29, le Général Commandant le 4e Corps, télégraphie au Général Gouverneur :

« Faites exécuter les consignes relatives à la garde des ouvrages fortifiés et des établissements militaires. Faites assurer le service permanent et la garde du poste de télégraphie sans fil. »

Le 31 juillet le Général Gouverneur m’adresse successivement en communication des dépêches ministérielles prescrivant la mise en oeuvre du réseau frontière, la mise en vigueur du service de garde des voies de communication et enfin la mise en route des troupes de couverture.

Le même jour des barrages en chicane sont établis sur les routes. Des postes d’examen sont placés sur les chemins de Verdun à Vaux[?], Dieppe, Étain, Haudimont, Sedan et St Mihiel. Par une note de service aux Commandants des secteurs, le Général Gouverneur prescrit de s’assurer de l’identité des voyageurs; les automobiles doivent être particulièrement surveillées.

De son côté la Sous-Préfecture précipite l’organisation des gardes civiques et leur commune les consignes. ll faut pourvoir a tout, conseiller les Maires, rassurer les inquiets. L’affluence est grande de gens de toutes classes venant chercher du réconfort ou demander des nouvelles.

 

Les Italiens, travaillant sur les chantiers des forts et des casernements à Belleville et à Fleury-devant-Douaumont, pris de panique cessent le travail et demandent à être réglés. L’opération présente certaines difficultés, les entrepreneurs ne trouvant pas de suite l’argent nécessaire.

Dans la nuit, vers une heure du matin, alors que je me trouvais au bureau de poste, dans une salle affectée aux officiers chargés du service des renseignements, arrive en automobile M. Freschard, industriel à Jœuf. Il conduit Mlle Jeanne Dumoulin, dame employée des Postes. Celle-ci apporte les valeurs du bureau de Jœuf et les remet au Receveur de Verdun. Sa mission accomplie, cette jeune fille me fait part qu’elle retourne à son poste et, comme M. Freschard hésite à la reconduire dans la crainte d’être fait prisonnier par les patrouilles allemandes, elle décide qu’elle partira à pied. Tout en la félicitant et avec une émotion partagée par toutes les personnes présentes, de son admirable courage je ne lui permets pas de donner suite à ses intentions et obtiens de M. Freschard qu’il la reconduira en automobile.

Le voyage s’est effectué du reste sans incident, mais j’ai appris plus tard que Mlle Dumoulin, dans les jours qui suivirent, avait été faite prisonnière par les uhlans et dirigée sur le camp de concentration de Landau [Ndlr : lieu non trouvé].

La mobilisation

Le 1er août [Ndlr. : 1914], dans l’après midi, je reçois le télégramme officiel de l’ordre de mobilisation générale, à la date du 3 août.

Le tocsin sonne.

Ma femme, partie de Nancy, avec notre petite fille Madeleine, me rejoindre à Verdun, a commis la folle imprudence de prendre le train par la ligne de Pont-à-Mousson et Conflans. Il est vrai que M. Reboul Préfet de Meurthe-et-Moselle, consulté, a déclaré qu’il n’y avait aucun danger à redouter sur ce parcours [Ndlr : Il reste en poste que jusqu’au 10 août].

A l’heure normale d’arrivée du train de Conflans-Verdun, aucune nouvelle. Je suis dans une folle anxiété. Après plusieurs heures de longue attente, le train est enfin annoncé. Il est précédé d’une machine haut-le-pied dont la mission a été de vérifier si des attentats n’avaient pas été commis sur la voie.

Les voilà. Elles se sont trouvées, en gare de Conflans, comme le tocsin et les gueulards annonçaient la mobilisation et que les familles de cheminots se jetaient dans le dernier train en partance. Elle me raconte que des patrouilles allemandes se sont emparées d’une locomotive, près de Batilly, ont coupé la voie et refoulé le mécanicien et le chauffeur. Sur le quai de la gare de Conflans, les deux hommes couverts de sueur ont relaté le grave incident.

Dans la journée, Verdun est envahie par de nombreux habitants de la frontière qui refoulent sur l’arrière. Parmi eux, de jeunes alsaciens-lorrains qui demandent à s’engager dans l’armée française. À chacun, le bureau de recrutement répond ne pouvoir prendre aucune décision. J’en informe par chiffre, le Préfet qui en réfère à Paris. Voici la réponse typique que je reçois le 2 août :

« J’ai consulté M. le Ministre de l’Intérieur sur la question posée par votre télégramme relatif aux Alsaciens-Lorrains se présentant pour contracter un engagement. M. le Ministre me répond.par le télégramme suivant :

Adressez-vous à l’autorité militaire. En conséquence je ne puis que vous prier d’inviter les intéressés à se mettre en rapport avec M. le Commandant du Bureau de Recrutement. »

Tout commentaire serait superflu !

Dans.la suite je me suis dispensé, chaque fois qu’il m’a été possible, de provoquer les instructions. J’ai pris de moi-même les décisions qui, suivant les circonstances, me paraissaient s’imposer.

Le 1er août, à 20 heures, les portes de la ville sont fermées.

Parmi les multiples incidents de la journée : un sieur Sauter, entrepreneur de déménagements à Verdun, né à Knutange (Alsace-Lorraine) et naturalisé français, partant rejoindre son corps, est traité de Prussien par les habitants. Dans une proclamation je rappelle la population au calme et place Souter sous ma protection.

Dans la nuit du premier au deux août, les régiments de la défense quittent les casernes s’en allant prendre position en avant des lignes des forts, sur les Hauts-de-Meuse et dans le plaine de la Woëvre. Je verrai toute ma vie les enfants de France allant accomplir superbement le plus grand sacrifice; j’entendrai toujours, montant dans la nuit, les clameurs de la Marseillaise.

Dés le petit jour, c’est la cohue des réservistes et des territoriaux arrivant de toutes parts, par routes et voies ferrées.

Bombardement d’Étain

Les fuyards des localités se trouvant sur le champ de bataille, traversant la ville d’Étain, jettent l’alarme. Le Maire, M. Denis et le Juge de Paix, M. Cathelineau, s’efforcent de rassurer les habitants; mais nombre d’entre eux suivent le mouvement d’exode.

Le 14 [Ndlr. : août 1914] , vers 13 heures, les allemands commencent le bombardement de la cité. À 14 h. 1/2 la gare est évacuée, et le dernier train refoule sur le camp retranché le personnel des chemins de fer et de nombreuses familles.

Grâce à une dame aide des Postes, Mme Buteaux, que son Receveur a abandonné, nous sommes téléphoniquement tenus au courant des graves évènements. Plusieurs civils ont été tués; des quartiers sont en feu. Les Stainois [Ndlr.: nom des habitant d’Étain] qui n’ont pu battre en retraite sont terrés dans les caves attendant une accalmie pour se replier sur Verdun, Le soir même Mme Buteaux qui, sur mon ordre, a pu se sauver à travers champs a été recueillie par une machine haut-le-pied; elle arrive dans la nuit à la Sous-Préfecture où, en présence de M. Caillaux qui dîne chez moi, tout en se restaurant, elle fait le récit des heures tragiques qu’elle vient de vivre.

Au matin, les habitants d’Étain arrivent en foule par le faubourg Pavé. Ils sont hébergés puis embarqués sur l’arrière.

Que de localités subiront par la suite le sort de la ville d’Étain . Toutes les villes, presque tous les villages de mon arrondissement seront écrasés par les obus et torpilles. Il n’y aura de la part de l’ennemi aucun respect des agglomérations sans défense ou des villes ouvertes. Par la destruction systématique, par le fer et par le feu, le boche voudra hâter sa victoire!

Dans Verdun

Le 25 août [Ndlr 1914], dans une communication à la population, le Général Gouverneur, invite les habitants à prendre certaines précautions pour atténuer les effets de bombardements :

« Il est possible que les projectiles ennemis viennent tomber jusque dans la ville ou ses faubourgs », écrit-il. Et il énumère les mesures à prendre. Certaines personnes, à cette lecture, prennent peur et cherchent une excuse pour s’éloigner de la ville.

C’est vraisemblablement sous la même impression que vient me voir M. Gaudé, Juge de Paix à Verdun.

Cet homme me fait part qu’il a mal au ventre. Le bruit du canon le dérange. Il demande l’autorisation de quitter son poste. Outré, je refuse brutalement. Ce magistrat ne se tient pas pour battu, il va voir M. Georges, procureur de la République, et lui présente la même requête. Mais j’avais eu le temps d’atteindre M. Georges et de le prévenir. Le procureur s’oppose, comme moi, au départ de M. Gaudé. Néanmoins ce dernier gagne la gare et déserte son poste.

Le même jour, le docteur X…, médecin de l’Assistance, étant venu me consulter ; il voulait lui aussi s’éloigner. Il avait une excuse réelle : malade, il ne vivait que de lait. Je savais le fait et cependant, je le conjure de rester à Verdun où les médecins civils sont rares.

Le Docteur X… ne m’écoute pas. Il part ; mais arrivé en gare de Châlons-sur-Marne il se rend compte de son acte de défaillance. Sans hésiter il revient par le premier train et me rend visite. J’ai compris l’acte méritoire de cet homme et lui serre chaleureusement les mains.

Mais les communiqués laissent percevoir que devant la ruée allemande nos troupes reculent. Devant Verdun la canonnade est violente. Il y a de l’émotion dans la ville, des rumeurs circulent. Le Général Coutanceau fait placarder un avis suivant lequel tout propagateur de fausses nouvelles sera immédiatement arrêté et déféré en Conseil de Guerre.

De mon côté, j’écris à mes Maires pour leur demander d’avoir du cran. Autant que je le puis, je parcours les communes pour rassurer les esprits et régler la question du pain qui se pose sans cesse.

Le Maire de Clermont-en-Argonne me téléphone que la peste va se déclarer. Je vais jusqu’à lui; ce brave homme de Maire est totalement désemparé. Il manque de poigne pour résister aux prétentions de certains officiers qui, s’imaginant que tout leur est permis, commettent de véritables abus de pouvoirs. Quand à la peste menaçante… il suffira de mettre de la chaux sur les emplacements des tueries pour écarter toute épidémie.